Modélisation de l’effort de chasse et de son impact en situations contrastées
Le sanglier (Sus scrofa) connaît une forte augmentation des effectifs de ses populations en France. Le tableau de chasse national du sanglier ne cesse d’augmenter pour atteindre plus de 690 000 individus prélevés en 2017. Cette augmentation des populations peut engendrer de nombreux problèmes sociétaux à différents niveaux : écologiques, tels que la dégradation du couvert végétal ou le dérangement d’espèces d’oiseaux nichant au sol : économiques comme l’augmentation des dégâts sur les cultures et des collisions routières ; et sanitaires, les sangliers pouvant être des vecteurs de maladies telles que la tuberculose bovine ou la peste porcine par exemple. Cette situation peut être localement génératrice de conflits, des solutions doivent être alors trouvées pour mieux appréhender la gestion des populations de sangliers. La chasse pourrait être l’une des solutions les plus efficaces. Il convient cependant d’évaluer son efficacité dans des situations écologiques et sociales contrastées afin de déterminer selon quelles modalités elle représenterait une voie efficace de gestion de l’abondance des populations.
Dès 2011, la Fédération Départementale des Chasseurs de l’Ardèche (FDC07) et la direction de la Recherche et de l’expertise (DRE) de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) se sont associés pour mener une première réflexion sur le sujet. Les premiers résultats de cette collaboration ont été présentés lors du colloque qui s’est tenu au Domaine National de Chambord en 2015 (Girard et al., 2015). Ces premiers enseignements ont encouragé les partenaires à poursuivre ce travail en prenant en compte des situations territoriales contrastées. De nouveaux partenaires se sont alors associés au projet : la Fondation François Sommer, la Fédération Départementale des Chasseurs de l’Hérault (FDC34) et la Fédération des Chasseurs de la Haute-Marne (FDC52). Face à l’ampleur et au fort enjeu sociétal que représente ce travail, l’idée de former un étudiant en thèse sur le sujet est née. Les partenaires ont alors sollicité l’Association Nationale de Recherche et Technologique (ANRT) pour obtenir un financement du Ministère de l’enseignement supérieur de la recherche et de l’innovation, complémentaire à celui consenti par les différents partenaires. Après une évaluation technique et scientifique du projet, le financement a été obtenu et l’étudiant a pu démarrer la thèse le 16 octobre dernier. Pablo Vajas travaillera pendant trois années sur le sujet suivant : La chasse comme un outil de gestion des populations de sangliers (Sus scrofa) : modélisation de l’effort de chasse et de son impact en situations contrastées. Pablo Vajas partagera son temps de travail entre la Fondation François Sommer qui l’emploie (entreprise d’accueil), la station de recherche de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage dans l’Ain (laboratoire de recherche d’accueil), l’école doctorale GAIA de l’université de Montpellier et les sites d’études des différents partenaires (Ardèche, Ardennes, Haute-Marne, Hérault). Il s’agira d’un travail académique dont une partie du projet fera l’objet d’une recherche appliquée en matière de gestion de la faune, et plus spécifiquement du sanglier.
Le projet de thèse étudiera la relation entre l’effort de chasse, c’est-à-dire l’ensemble des moyens mis en œuvre par les chasseurs dans leur exercice de chasse, avec la pression de chasse, c’est-à-dire la mortalité résultante. L’approche proposée va établir une relation entre les différentes caractéristiques qui composent la chasse en battue (comme la surface de la traque, le nombre de chasseurs, le nombre de traqueurs, le nombre de chiens, etc.), avec ses conséquences en termes de prélèvements de sanglier (nombre de prélèvements et composition du tableau de chasse). Cette étude permettra d’identifier les meilleurs « leviers » de gestion sur lesquels agir en vue d’atteindre un objectif de gestion fixé localement. Cette thèse sera composée de trois axes de recherche. Le premier axe s’attachera en l’étude de la littérature scientifique afin de comparer les différentes utilisations des concepts d’effort de chasse et de pression de chasse ainsi que les différents moyens de les mesurer. Le second axe étudiera la relation entre effort de chasse et pression de chasse afin de savoir quelles caractéristiques de la chasse expliquent les résultats des tableaux de chasse, en termes de quantité de prélèvement ainsi qu’en composition du prélèvement. Enfin, le troisième axe fera le lien entre les deux premiers axes pour élaborer des outils de gestion appliqués dans le cadre de la gestion du sanglier. Ces outils permettront de déterminer comment chasser certaines classes d’individus, ou bien quels efforts y investir, par quelles caractéristiques de la chasse, selon quel type milieu, pour atteindre un objectif de gestion fixé. L’étude sera menée sur des données récoltées sur les territoires des départements de l’Ardèche, de l’Hérault, la Haute-Marne (dont le domaine de Chateauvillain Arc-en-Barrois) ainsi que sur le domaine de Bel-Val et de La Petite Pierre.
Fabrice GIRARD, Clément CALENGE, Alain CHAZOT et Éric BAUBET (2015) – Utilisation de l’effort de chasse pour gérer l’espèce sanglier (Sus scrofa scrofa) en Ardèche. - In : Vers une nouvelle gestion du grand gibier : les indicateurs de changement écologique, Actes du colloque tenu à Chambord (Loir-et-Cher) les 20 et 21 mai 2015. ONCFS - FONDATION FRANCOIS SOMMER - FNC, Paris, 135-141.